Intervention de Bénédicte Viguier (Amiens) sur la réforme du collège et l’autonomie des établissements

Réforme du collège et autonomie des établissements : ne tombons pas dans le piège de l’enfumage et du saucissonnage !

Depuis un an, le Snes-Fsu n’a eu de cesse de dénoncer le projet de réforme du collège Vallaud-Belkacem. De dénoncer les pertes d’heures d’enseignement, l’interdisciplinarité factice des EPI, la globalisation en sciences, la raréfaction des classes bilangues et euros, la petite mort des langues anciennes.
Cependant on peut se poser la question : qu’adviendra-t-il de ces “inovations” pédagogiques après le prochain changement de gouvernement ? Que restera-t-il des EPI ? Ne soyons pas dupes : tout cela n’est qu’enfumage !

Car le fond de cette réforme du collège, c’est bien l’augmentation de l’autonomie des établissements.
Mais il a été plus difficile pour le Snes-Fsu d’expliciter les dangers associés à l’autonomie.
L’augmentation de l’autonomie des établissements est censée permettre au système éducatif de mieux s’adapter aux besoins des élèves, au contexte. Cependant, il suffit de regarder ailleurs pour se convaincre qu’elle ne fera que creuser les inégalités. Alors, au delà de l’enfumage (pédagogique), le Snes-Fsu ne doit pas jouer le jeu du saucissonnage !
Nous avons bien fait le lien avec la réforme du lycée : ce sont bien les mêmes recettes – celles qui ne marchent pas – qu’on cherche à appliquer au collège. Mêmes “innovations” pédagogiques (comme l’AP), et même augmentation de l’autonomie.
Mais et ailleurs ? La réforme des rythmes dans le premier degré, enfumage pédagogique qui n’est autre qu’une territorialisation de l’école, a-t-elle réduit les inégalités dans l’enseignement primaire ? Et l’autonomie des universités a-t-elle réduit les inégalités dans le supérieur ?

Lundi, Frédérique faisait – de façon très pertinente – le lien entre la lutte contre la loi El Khomri et la lutte contre la réforme du collège. Aujourd’hui encore, nous ne devons pas limiter notre analyse de la réforme du collège au seul second degré.
Il y a une vraie cohérence dans la politique menée par le gouvernement à tous les niveaux du système éducatif. Nous sommes bien face à une attaque en règle du service public d’éducation : un éclatement de son cadre national et un désengagement de l’État.
Alors ne tombons pas dans le piège de l’enfumage et du saucissonnage, c’est bien le caractère global, cohérent et continu de démantèlement du service public national d’éducation que le Snes-Fsu doit dénoncer !