Laurent Cadreils : Rompre avec la logique libérale pour changer l’école et la société

Je voudrais faire un focus sur la situation économique dans laquelle nous nous trouvons car elle a un très fort impact dans la capacité de mobilisation de la profession.

Le discours dominant expliquant à longueur de journée que les dépenses seraient trop importantes, que la pression fiscale serait insupportable en plus de tenter de démolir toute possibilité d’émancipation sociale ouvre la voie aux renoncements sociaux.

Comment peut on exiger plus de maîtres que de classes, une baisse significative du temps de travail, une revalorisation salariale, un rétablissement des Rased, des décharges pour la direction alors même que le budget de l’état est au bord du gouffre que les prélèvements sociaux tuent l’esprit d’entreprise et la création de richesse.

Il faut donc expliquer, avec une volonté corolaire d’un syndicalisme de transformation sociale, et toujours expliquer que ce discours est biaisé et qu’il ne repose que sur l’arnaque libérale depuis plus de 30 ans qui ne cesse d’accroitre la part de richesse produite pour le capital et ne cesse de diminuer celle du travail.

Là où les choses se compliquent –nous l’avons vu sur les retraites- c’est qu’une partie importante de la population avait espoir qu’un gouvernement de gauche défende les intérêts des salariés. Le niveau de déception est immense et il se transforme –si nous n’offrons pas d’espoir, en un sauve qui peut individuel. Le renoncement de ce gouvernement a une réforme fiscale juste (multiplication des tranches, alignement des taux d’imposition qu’il s’agisse des revenus, de la production ou de la finance, baisse de la TVA l’impôt le plus injuste, fiscalité pollueur /payeur) entraine une impossibilité de relance par la consommation.

Ce sont 20 milliards d’euros qui vont être ponctionnés dans la poche des ménages, soit 10 milliards sous forme de coupes dans les crédits publics, 3 milliards sous forme de fiscalité écologique et 7 milliards sous forme de hausse de la TVA. Dans le cas précis de la TVA, cela équivaut environ à une ponction d’un peu plus de 100 euros par personne.

Pire que cela l’augmentation annoncée de la TVA au 1er janvier va accroitre les inégalités sociales : Ce que les statisticiens appellent le « taux d’effort », la somme payée au regard du revenu, est beaucoup plus important pour les revenus modestes que pour les revenus élevés. Pour la TVA, tous taux d’imposition confondus, le taux d’effort est donc de 11,52 % pour les 10 % des ménages les plus modestes, et il baisse continûment quand on monte dans l’échelle des revenus pour tomber jusqu’à seulement 5,92 % pour les 10 % des Français les plus riches.

Nous devons dans le cadre de la FSU, avec la CGT et Solidaire dénoncer ce mauvais coup porté aux ménages et ce cadeau sans aucune contre partie fait au patronat.

Ce gouvernement mène une politique d’austérité dans la continuité du gouvernement Sarkozy, il fait le choix libéral de la relance par l’offre et en nouveau converti multiplie les gestes d’ouverture envers le patronat qui –par nature- en demandera toujours plus.

Il cède aux pigeons, aux patrons, aux transporteurs routiers… à tous les ennemis de la justice sociale. Il résiste au décret sur les rythmes, aux mobilisations retraites, aux mobilisations de la jeunesse contre les expulsions, sur l’Ayroport… Bref au camp du progrès.

Il nous faut d’urgence réoccuper la rue en mobilisant les personnels sur les questions de répartition de la richesse car « leurs avancées sont faites de nos reculs ».