Retraites. Question à Richard Béraud (FERC-CGT) et à Alain Vrignaud (CGT-éduc)…

Comment la CGT perçoit-elle l’unité syndicale ? Le tempo n’est-il pas trop étiré, du 7 au 23 ? Et après ?

Questions à Richard Béraud, secrétaire général de la FERC-CGT…

[**ÉÉ : Trois questions… Comment la CGT perçoit-elle l’unité syndicale ? Le tempo n’est-il pas trop étiré, du 7 au 23 ? Et après ?*] R.B. : Le courrier des sept secrétaires généraux publié le 13 septembre dans la presse tant nationale que régionale réaffirme l’importance de l’unité syndicale dans la construction des luttes mais aussi montre la conviction partagée qu’il est possible de gagner sur nos revendications en matière de retraite. Le vote de l’Assemblée Nationale, au-delà de l’impact sur l’opinion publique et les salariés ne clôt pas la lutte.
On ne peut pas nier la force de représentation d’une unité syndicale la plus large possible dans l’esprit des salariés, d’autant que dans de nombreuses entreprises la présence syndicale est faible, voire inexistante. Dès lors, il ne peut être question de se couper d’organisations considérées comme « réformistes », d’autant que, dans l’ensemble des professions, il existe du potentiel pour être encore plus nombreux dans les grèves et manifestations.
Reste que, et c’est ce qui a surgi à nouveau dans la réunion des organisations (fédérations et unions territoriales) de vendredi dernier, l’intersyndicale ne peut être vécu comme un carcan. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’appel à la grève et à manifestations lancé par des structures professionnelles et territoriales de la CGT pour le 15 septembre. C’est pourquoi il est nécessaire de faire du 23 une journée exceptionnelle de grèves et de manifestations.
Bien évidemment, la question de l’après 23 est posée. Bernard Thibault s’est exprimé dans la presse sur les possibilités de voir une reconduction des mouvements de grève. D’ores et déjà cette question est en débat dans les fédérations professionnelles de la CGT, dont la FERC. Nul doute que, pour partie, elles y répondent positivement au regard de la réponse des salariés aux appels du 15 et du 23 septembre. C’est donc bien notre capacité à mobiliser dans nos professions qui déterminera les suites de la lutte engagée pour imposer nos revendications en matière de retraite et de protection sociale, d’emplois et de salaires.

… Et à Alain Vrignaud, secrétaire national de la CGT-éduc.

[**ÉÉ : Quelle est ton appréciation du rapport de force ?*] A.V. : La CGT Educ’action a réuni sa Commission exécutive au lendemain de la puissante mobilisation du 7 septembre. L’échange a permis de confirmer que partout les manifestations ont réuni plus de monde que le 24 juin et qu’il y a une bonne implication des salariés du privé ainsi qu’une présence significative des jeunes. Ce n’était pas gagné si tôt après la rentrée. A l’évidence les salariés du public comme du privé ne sont pas décidés à laisser le gouvernement casser les acquis sociaux et s’attaquer au droit de partir à la retraite à 60 ans. Il y a donc une réelle combativité qui s’appuie aussi sur une opinion publique hostile à cette réforme. En face le gouvernement et Sarkozy, même affaiblis par l’affaire Woerth, semblent aussi déterminés. Personne n’a donc d’illusion sur les résultats du débat parlementaire, mais les quelques miettes qu’il est prévu de céder ne feront pas baisser le niveau de mobilisation. [**ÉÉ : La deuxième question porte sur la stratégie syndicale et la poursuite de l’action…*] A.V. : Une majorité de militants de la CE a été déçue par la date du 23 septembre qui parait assez éloignée. Nous aurions préféré un appel clair pour le 15. Cela dit, ce n’était pas non plus certain qu’un appel à la grève puisse sortir de l’intersyndicale confédérale. De ce point de vue la décision de grève unitaire du 23 septembre montre que certaines confédérations ont dû prendre la mesure de la puissance du 7. Nous allons faire du 15 un tremplin dans la préparation de la grève du 23 qui devrait être encore plus puissante que celle du 7… Il faut continuer à convaincre tous les personnels que d’autres solutions sont possibles et qu’il est possible de faire reculer le gouvernement. La question de la reconduction de la grève après le 23 est posée. La CE s’est engagée à s’adresser aux organisations syndicales de l’Education pour préparer la grève et le lendemain de la grève. Nous appelons à la tenue d’AG de grévistes dans les établissements ou les communes pour décider de la reconduction. Cela sera vraisemblablement un tournant. Si l’on s’engage dans un mouvement de grève reconductible, avec des secteurs professionnels significatifs, nous pouvons gagner.

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