Et Macron découvrit les services publics !

La crise sanitaire, sociale et économique que nous vivons en ce moment illustre de façon frappante les pires scénarios que décrivent les défenseur-es des services publics et des solidarités collectives, Cassandre de nos sociétés. Que peut-il se passer si les services publics sont démantelés ? Que peut-il nous arriver de grave si les hôpitaux sont dépouillés, si l’éducation est mise au pas et appauvrie, si la recherche est asservie aux besoins économiques immédiats, si l’eau, l’énergie, les transports sont privatisés ?

Les gouvernements successifs, avec Macron en première ligne, ont mis à mal les mécanismes de solidarités collectives construits depuis un siècle et demi. Le principe du moindre coût et du chacun pour soi régit les politiques publiques : assurance chômage, accueil des réfugiés économiques et politiques est réduit au minimum et à des conditions déplorables, prise en charge des personnes âgées et dépendantes, etc. Les militant-es, notamment dans nos syndicats, le disent et le crient dans la rue : ces politiques génèrent des inégalités croissantes, de la pauvreté et de la souffrance. Mais nous aurions pu ajouter, et la crise actuelle le démontre brutalement : nous pourrions en mourir.
Évidemment, ce ne sont pas directement les politiques néolibérales qui ont causé la crise du coronavirus. Les responsables politiques n’ont pas ni inventé, ni diffusé ce virus. Mais ils et elles ont détruit progressivement tout ce qui pouvait freiner sa propagation et permettre de lutter contre la maladie et toutes ses conséquences. Ces politiques ont attaqué la recherche, en limitant les recherches fondamentales et à long terme, qui ne servent aucun intérêt économique immédiat. Nous avons pourtant un besoin crucial des recherches en médecine, sociologie, économie, anthropologie, etc. pour surmonter la crise. Elles ont démantelé l’hôpital mais aussi l’ensemble du système de santé et son financement : quelle ironie de louer aujourd’hui le dévouement des personnels de santé, mobilisés depuis un an contre la mort annoncée du soin public ! Elles ont attaqué l’impôt, la redistribution des richesses, ce qui fait le lit de la diffusion du virus aujourd’hui : mal-logement, mauvais accès à la santé qui augmente le nombre de personnes fragiles.

Stupeur le 12 mars, quand Macron semble découvrir l’importance cruciale, des services publics et des agents publics et annonce qu’il faut combattre la maladie et ses conséquences « quoi qu’il en coûte ».

Nous devons enfoncer le clou : certaines choses n’ont pas de prix : la santé, l’éducation, la culture. Et la vie.

À l’idéologie du chacun pour soi, qui sous-tend les politiques néolibérales, nous devons continuer d’opposer le collectif, la fraternité et la sororité. Et continuer de réclamer avec force l’abandon (et non la suspension) des contre-réformes qui détruisent les solidarités et mettent en péril nos vies : réforme de l’assurance chômage, des retraites, LPPR (loi sur la recherche, cf. p.32), de la Fonction publique, etc.

MARY DAVID

Image : Jeanne-Menjoulet sur Flickr (cc)