Élections professionnelles: Interview de Didier Bourgoin, secrétaire général du SNUTER-FSU

D’une manière générale, quel bilan tires-tu des résultats
généraux de la FSU ?

Comme l’a indiqué le communiqué fédéral, les résultats des élections
pro 2018 confortent la FSU comme une force incontournable de la
FP. Dans un contexte inquiétant de recul de la participation, la FSU
tire son épingle du jeu et progresse en voix et en pourcentage… ce qui
n’est pas le cas de tout le monde. Nous sommes aussi assez fiers
d’avoir participé à l’obtention du 3e siège au Conseil Commun. Les
voix issues de la FPT représentent aujourd’hui 16,26 % de la
représentativité de la FSU, c’est en progression par rapport à 2014.

Et plus particulièrement dans la FPT ?

Nous sommes globalement satisfait-es de ce « millésime 2018 » même si
nous sommes bien sûr un peu déçu-es de ne pas avoir pu décrocher un
siège au Conseil Supérieur de la FPT qui était notre objectif
principal. Mais nous avons aussi quelques raisons d’être optimistes,
ce n’est donc que partie remise. Globalement, nous améliorons notre
représentativité sur le plan national même si c’est encore insuffisant
pour entrer au Conseil sup’, mais aussi et surtout sur le plan local
avec les moyens syndicaux qui vont avec, ce qui devrait accroître
notre activité militante sur le terrain. Nous sommes encore victimes
de notre manque d’implantations : la fameuse « peau de léopard ». Les
élections pro dans la territoriale sont avant tout des scrutins
locaux. Le résultat final, qui donne la représentativité de chaque
organisation syndicale sur le plan national, est la compilation de
tous les résultats aux comités techniques des collectivités
territoriales et de leurs établissements publics. Même si nous avons
déposé des listes devant près de 400 000 électeurs et électrices,
c’est encore trop peu. C’est cet aspect qu’il nous faut améliorer, et
cela passe par une politique de développement volontariste. C’est un
de nos axes de réflexion prioritaire pour la période qui s’ouvre.

Comment allez-vous gérer cette absence au Conseil sup de la
FPT ? Et où en êtes-vous dans le développement du SNUTER ?

Le fait de ne pas être au CSFPT nous place dans la même situation
qu’en 2014 : ni plus ni moins ! Nous allons devoir d’ici la fin de
l’année bien analyser la situation et mettre en place un plan d’action
essentiellement tourné vers deux priorités : aider au développement
des SNUTER dans les départements et les régions pour conforter nos
implantations, et mettre en place une stratégie de développement dans
les départements où nous ne sommes pas présent-es, mais également là
où nous existons sur un périmètre trop restreint. Nous sommes dans une
dynamique positive de développement. Avec plus de 11 000 adhérent-es
en 2018, le SNUTER a encore progressé, il est présent dans plus de 50
départements y compris Ultramarins. Pour ces élections pro 2018, nous
sommes la seule organisation syndicale à avoir progressé
significativement en voix et en pourcentage dans le versant
territorial, ce qui s’est concrétisé par un gain de 0,5 % de
représentativité. Ainsi, dans un contexte de baisse généralisée de la
participation, le SNUTER-FSU continue pourtant de progresser. Il faut
d’ailleurs noter que les trois plus grosses OS de la FPT perdent
globalement plus de 75 000 voix par rapport à 2014, ce qui est assez
considérable. Nous confirmons ainsi deux choses : le SNUTER qui est
porteur d’un syndicalisme pragmatique, nous l’avons démontré par
exemple avec notre engagement en faveur de la signature du protocole
PPCR, mais aussi d’un syndicalisme de transformation sociale au plus
près des revendications des agent-es de la FPT, a réussi à fédérer
autour de son projet syndical ; là où nous déposons des listes et où
le travail syndical est fait, le SNUTER fait de bons voire de très
bons scores. Nous confirmons aussi qu’à la suite de la fusion du
SNUCLIAS et du SNUACTE fin 2015, nous sommes sur la bonne voie. J’en
profite d’ailleurs pour remercier toutes celles et tous ceux qui dans
la fédération, secrétariat, SD, SN, le CA orga, ont permis de réaliser
cette progression et ont activement participé au développement de la
FSU dans le versant territorial de la fonction publique.

Quel est l’impact du mouvement des Gilets jaunes sur les
agent-es de la FPT ?

Des collègues territoriaux, mais aussi des militant-es du
SNUTER, sont sur des ronds points. Ils manifestent leur colère
et leur rejet de la politique libérale du gouvernement avec ses
décisions inquiétantes tant pour les services publics
territoriaux que pour les usager-es et la remise en cause de
notre modèle social solidaire. Mais aussi, je crois, sur la
question de l’absence d’un dialogue social à la hauteur des
enjeux du fait du blocage systématique du gouvernement sur
l’ensemble de nos revendications. C’est pourquoi nous avons
déposé un préavis de grève pour le mois de décembre 2018 et
que nous allons faire de même en janvier 2019 pour permettre à
celles et ceux qui le souhaitent d’être « couverts » lorsqu’ils
et elles participent à des initiatives et/ou mobilisations. Le
mouvement des Gilets jaune nous interpelle forcément pour ce
qu’il porte en tant que mouvement social mais aussi pour son
rejet revendiqué des organisations syndicales alors même que
nous avons des revendications qui se rejoignent : pouvoir
d’achat, conditions de travail… C’est pourquoi nous aurons
un débat à ce sujet lors de notre prochain Bureau national, ce
qui nous permettra, je l’espère, d’y voir plus clair et
peut-être d‘en tirer des enseignements qui nous renforcent et
retrouver une plus grande efficacité syndicale.

Propos recueillis par Laurent Zappi