Bordeaux, point fort de la mobilisation et de la lutte unitaire contre la répression

Dès le 24 novembre, après une manifestation de plusieurs milliers,
des incidents éclatent en fin de manifestation des Gilets jaunes et on
voit une grande détermination des manifestant-es qui, s’ils/elles ne
prennent pas des pavés, restent sur place, malgré les gazages, afin de
montrer qu’ils refusent de se dissoudre. Le 1er décembre, bon nombre
de manifestant-es arrivent « équipé-es » aux manifestations du samedi
(masques de protection, parfois masques à gaz, casques, sérum bien
sûr), y compris des personnes âgées, tandis que des équipes de
volontaires de « street-medic » font leur apparition (ils sont
aujourd’hui une bonne cinquantaine).

La police utilise des dispositifs de contrôle aux entrées de la
ville : on arrête certaines voitures aux péages autoroutiers, les
manifestant-es qui viennent de la rive droite (quartiers populaires)
sont fouillé-es et délesté-es de toutes leurs protections… s’ils/elles
veulent pouvoir passer. La riposte policière a gagné en mobilité
depuis le 1er décembre. Montée en puissance de la BAC et des tirs de
LBD40, apparition depuis janvier de brigades motorisées.

Le nombre de blessé-es sur Bordeaux est impressionnant depuis
novembre. Le samedi 12 janvier, une étape est franchie, puisqu’un
manifestant, père de famille, pompier volontaire à Bazas est resté sur
le carreau après un tir de LBD dans son dos, sans doute au niveau de
la tête : hémorragie cérébrale. Opéré, il est resté quatre jours dans
le coma, sans qu’on sache encore quelles seront les séquelles. À ce
jour, on a comptabilisé dix blessé-es très graves en Gironde, avec
énucléation, ablation d’un testicule, mains arrachées (deux), joue,
nez ou mâchoire arrachés. La venue de Laurent Nunez à Bordeaux début
janvier et les déclarations du ministre Castaner n’ont fait que durcir
les dispositifs de répression sur Bordeaux et la politique sécuritaire
du préfet.

La lutte pour les libertés démocratiques

La FSU33 a depuis longtemps tissé des liens avec la Ligue des Droits
de l’Homme et d’autres associations et syndicats dans le cadre d’un
collectif contre l’état d’urgence. En liaison avec des avocats du
Syndicat des Avocats de France, des formations d’observateurs/trices
ont eu lieu, ces derniers/ères devant ensuite pouvoir dans les
manifestations, filmer, recueillir des témoignages, pour interpeller
la préfecture, voire accompagner des plaintes en justice. Ce
collectif, qui a pris le nom d’Observatoire Girondin des Libertés
Publiques, a écrit deux lettres publiques au préfet de Gironde depuis
décembre et envoie des communiqués de presse.

C’est dans ce contexte, et fort de ce travail en commun, qu’a pu être
montée en trois jours une conférence de presse, le 13 janvier, sur le
parvis des Droits de l’Homme, appelée ce coup-ci par la FSU, l’UD-CGT,
Solidaires 33, de nombreuses associations et la totalité des partis de
gauche du département. Elle a été très bien relayée dans les médias
locaux où l’on interpellait publiquement le préfet, afin que
l’irréparable ne se produise pas le lendemain et qu’il adopte une
politique de désescalade. Parallèlement, le SAF a mis en place un pool
d’avocat-es pour assister les gardé-es à vue. Les 49 interpellations
sur Bordeaux le 14 janvier (42 à Paris et 24 à Toulouse !) laissaient
prévoir en effet un grand nombre de gardes à vue. Enfin, une
association avec les victimes des violences policières et leurs
proches doit se mettre en place.

François Richard