Écris-moi des portraits

« L’histoire des femmes a changé. Dans ses objets, ses points de
vue. Elle est partie d’une histoire du corps et des rôles privés pour
aller vers une histoire des femmes dans l’espace public de la Cité, du
travail, de la politique, de la guerre, de la création. » Michelle
Perrot, Mon histoire des femmes

« Les vainqueurs écrivent le roman de l’Histoire. Ils édifient un
récit excluant celles et ceux qui ont perdu, transmettent une
information partielle qui devient ensuite une vérité. » Collectif
Georgette Sand

Dessinée, écrite, l’histoire mal connue et peu apprise des femmes, de
femmes, se raconte sur le modèle de portraits. Les « Culottées » de
Pénélope Bagieu ne sont pas seules !

Une page, un dessin, une femme

Deux ouvrages pour les enfants et adolescent-es reprennent, chacun
dans leur choix éditorial, un défilement de portraits dans l’ordre
chronologique.

Dans 100 grandes femmes de l’histoire, le choix est fait de présenter
et faire connaître des femmes sans parti pris, des femmes pas
forcément féministes. L’ouvrage, petite encyclopédie illustrée dont le
graphisme se rapproche des codes de certains dessins animés, se
contente, mais de façon ludique, de « faire les présentations », de
Louise Michel à Marie Antoinette mais aussi de la suffragette Emily
Davison. Il conviendra aux plus petit-es jusqu’au collège. Dures à
cuire porte bien son nom? Cette bande dessinée choisit de présenter
des femmes agissantes, pas toujours dans le bon sens (Margaret
Thatcher), avec un graphisme plus encré et sombre.

Dans ces deux ouvrages, qui finalement se complètent, on découvre des
portraits de femmes asiatiques, scandinaves, autochtones, rares dans
les ouvrages féministes (Wu Zétian, Freydis Airiksdottir femme viking,
Mary Read et Ching Shih femmes pirates, Sacagawea, femme indienne),
celles qui sortent des sentiers battus (l’exploratrice Alexandra David
Neel ou l’alpiniste Junko Tabei) ou s’envolent au sens premier du
terme (Amelia Earhart). On y (re)découvre Nzinga de Ndongo, reine
d’Angola, Nora Hildebrandt (tatouée entièrement par son père et
exhibée au cirque), Elen West et ses troubles alimentaires, la
résistante Sophie Scholl ou la militante anti pornographie Linda
Lovelace.

Plutôt pour les plus grand-es, Ni vues ni connues a pris le parti de
portraits par thématiques. Préfacé par l’historienne Michelle Perrot,
cette galerie de portraits fouillés passe des militantes aux artistes,
femmes de pouvoir, aventurières, intellectuelles, scientifiques. La
présentation, plus écrite et militante, est approfondie en seulement
deux pages et invite à la connaissance d’autres femmes à la fin de
chaque article.

On retiendra que le portrait de la grande Malala Yousafzai termine
deux livres sur trois, ce qui doit nous rappeler que l’histoire des
femmes se construit grâce aux jeunes femmes qui ont eu le courage de
dire non.

Ingrid Darroman

100 grandes femmes de l’histoire, Quelle histoire, 20 €

✓ Till Lukat, Dures à cuire, éditions Cambourakis, 15 €

✓ Collectif Georgette Sand, Ni vues ni connues, Editions Hugo et
Compagnie, 17 €