Intervention de Raphaël Giromini sur l’orientation post-bac

Le gouvernement a ouvert des négociations sur l’orientation post-bac. Le problème soulevé par le gouvernement serait celui des étudiants issus de bac pro à l’université. Mais le problème réel n’est pas là : ils représentent 2% des étudiants des universités. Le problème caché est ce que représentent les bacs pros et ce qu’ils sont : 56% des élèves de bac pros sont issues des catégories sociales défavorisés.

Nous refusons une université de classe

Le problème du gouvernement est en réalité d’arriver à empêcher l’accès aux études universitaires longues pour des jeunes, issues des classes populaire. Il ne s’agit pas de former moins de jeunes, mais de laisser plus de places aux jeunes favorisés, tout en formant autant de monde.

Ce problème est à mettre en lien avec la volonté du ministère de l’enseignement supérieur d’avoir uniquement 13 groupes universitaires d’excellence en France (avec près de la moitié en Ile-de-France). Et de ne former qu’à bac+3 ailleurs ; avec quelques formations à bac+5, type MEEF, partout en France. Il s’agit donc d’accentuer la fracture sociale et géographique en France.

Nous sommes opposé au contrôle continu et au pré-requis

Le SNES doit prendre pleinement en compte ce que nous écrivons dans le document Quelle poursuite d’étude, quels bacs, quel lycée ?, notamment « le contrôle continu n’est pas acceptable car, faute d’un horizon commun que constitue l’épreuve terminale, le cadrage national des exigences en terme de contenus et de méthode disparaît ». Ce qui est vrai pour le bac, l’est également pour l’orientation post-bac.

Or, aujourd’hui, l’orientation post-bac se fait sur le contrôle continu. APB repose sur les bulletins de notes des classes de première et terminale. Nous devons exiger, lors de la remise à plat d’APB que l’orientation post-bac ne se fasse pas sur cela ; mais sur les résultats du bac.
Ceci dit, le gouvernement veut aller plus loin dans les GT « orientation ». La mise en place des pré-requis sont de la sélection à peine masquée, si elle n’est pas assortie de deux éléments :

  • une augmentation de nombre de places dans les filières universitaires pour correspondre aux besoins
  • une augmentation des moyens, y compris financiers, pour aider les élèves en difficultés.

Il faut quitter les GT « orientation »

Mercredi 27 septembre, sur France Info, le secrétaire général du SNESup menace de quitter les GT « orientation » car les prérequis sont une forme de sélection.
Ces GT n’ont pas de feuille de route ministérielle. Ils n’ont pas vraiment d’ordre du jour précis, ni de finalité explicite. Dans cette optique, ces GT ne sont qu’un outil de communication du gouvernement pour faire croire qu’il a discuté avec tout le monde avant de présenter la sélection à l’université.
C’est pourquoi le SNES doit proposer à la FSU de quitter ces GT, après y avoir fait une déclaration expliquant ces intentions. Nous devons informer l’ensemble de la profession de cet acte. C’est comme cela qu’on sera en situation de force, tant sur ce dossier, que dans les GT à venir sur le baccalauréat.