Décryptage du programme Macron volet “Tout ce qui n’est pas éduc” # 2

Suite de notre feuilleton de décryptage et de déconstruction du programme Macron avec le second épisode du volet sur tout ce qui n’est pas éducation.

Le volet économique du projet ultra-libéral de Macron était, de loin, celui dont la campagne et les médias se sont le plus fait l’écho. Néanmoins, en termes de droits et de libertés, son programme, mais plus encore ses premiers jours de mandat sont tout aussi inquiétants. Le libéralisme dit triomphant n’aurait-il pas besoin de restreindre les libertés, d’effacer la frontière politique entre progressisme et réaction, de renforcer les frontières géographiques pour exister ? Entre sécurité et discriminations, 2 épisodes de décryptage pour y répondre….

Épisode 2 : Les droits et les libertés version Macron

” Un Etat qui protège ?” C’est ainsi que débute le paragraphe du programme d’Emmanuel Macron concernant « les droits et libertés ».
S’il est difficilement contestable que la liberté ne peut s’exercer que dans un cadre sécurisant, il faut aller voir de quelle sécurité nous parlons.

Alors qu’il annonce sans sourciller la disparition de plus de 120 000 fonctionnaires, il y a un secteur qui ne sera pas touché, les « forces de l’ordre » où 10 000 créations d’emplois sont annoncées.

Dans la période troublée qu’a traversé notre pays, cette annonce reprend une logique qu’il faut combattre : la seule sécurité serait le renforcement des forces répressives, rien de plus. Car évidemment, pour lui, « ce sera tolérance zéro lorsqu’il s’agit de sécurité ». L’insécurité sociale que vivent au quotidien les 3,4 millions de travailleuses et travailleurs précaires, conséquences de décennies de libéralisme ? Pas un mot, ou plutôt si, des annonces, qui vont favoriser les entreprises au détriment du salariat. Quid du contrôle démocratique de la police ? De l’arrêt des contrôles au faciès ?

Un Etat qui protège, dans la vision de Macron, c’est aussi un Etat qui fait du contrôle de ses frontières une priorité. En annonçant la création d’une force européenne de gardes-frontières composée de 5 000 agents, il chasse sur les terres détestables du FN. Il reprend le postulat d’une France, territoire assiégé par des hordes d’envahisseurs-euses étranger-es.

Pour lui, il n’est pas question de prendre notre part de responsabilité dans l’accueil digne des migrant-es fuyant les guerres ou la misère du point de vue des devoirs des états développés, de la solidarité internationale. Non, quand il en est question, c’est pour dire que si certain-es ont le droit à la protection de la France, « les autres seront reconduits sans délais vers leurs pays afin qu’ils ne deviennent pas des immigrés clandestins ». Ce n’est pas cette mandature qui verra la fin des expulsions… Pas plus qu’on assistera à une réflexion sur les responsabilités de la France dans le chaos géopolitique, responsable en grande partie du développement des forces terroristes à l’origine des attentats.

Mais qui nous protège de cet Etat ?

Une fois Macron élu, il n’a pas fallu longtemps pour que les faits succèdent aux annonces. Alors que d’une part les spécialistes sont unanimes pour affirmer que c’est le renseignement qui est le plus efficace dans la lutte contre le terrorisme et d’autre part, que le Conseil Constitutionnel dénonce le flou autour des interdictions de séjours permises par l’Etat d’Urgence, une des premières annonces du nouveau gouvernement fut la volonté de transposition de cet Etat d’Urgence dans le droit commun : assignation à résidence, perquisition administrative, limitation des déplacements, surveillance des communications… tout ça sans contrôle aucun de la justice mais livré au bon vouloir de l’Etat. Le projet de loi dévoilé par la presse le 08 juin dernier n’est ni plus ni moins qu’une transposition des mesures existantes qui ont, pour le moment, bien plus servi à réprimer les mouvements sociaux qu’à endiguer le terrorisme.

Quant à la menace extérieure que représenteraient les migrant-es, peu de doutes subsistent sur le traitement qui leur sera réservé. Préférant faire de l’humour sur les « kwassa-kwassa » comoriens, embarcations vétustes où meurent un nombre très important de migrant-es, plutôt que de s’engager sur la nécessaire solidarité face à ces situations dramatiques, le Président montre son vrai visage. Quant à son gouvernement, ce n’est pas non plus de ce côté qu’il faudra chercher un interlocuteur soucieux de résoudre ces drames. Valeurs Actuelles, hebdomadaire d’extrême-droite, se réjouissait des déclarations du Premier Ministre, Gérard Collomb, sur le renforcement des forces de police dans le Calaisis et le Dunkerquois afin d’éviter tout point de fixation pour les migrant-es : le souci n’est pas de trouver un accueil digne et des solutions pérennes mais bien de montrer aux migrant-es, qu’ils-elles ne sont pas les bienvenu-es….

Loin d’être le progressiste plus ou moins annoncé, Macron sera surtout le continuateur de politiques mettant à mal les libertés et les solidarités.

Nous reviendrons par la suite plus en détail sur tout cela.