Heidi Charvin : sur la sélection en master

Chers camarades de la FSU.

Le sujet de mon intervention porte sur la nouvelle organisation du cursus conduisant au diplôme national de MASTER.

Une question qui concerne juste les collègues du Supérieur ? J’espère qu’à la fin de mon intervention, cette question interrogera toute la FSU, que vous représentez ce jour.

La sélection à l’entrée du M1 ou à l’entrée du M2 ou… l’absence de toute sélection sont des débats qui ont animé cette année nos universités et, les tribunaux administratifs !

Un certain vide juridique en la matière a donc conduit le MENESR à produire une nouvelle législation.

Cette dernière affiche faussement le vœu pieux :
du droit de tout détenteur d’une licence de poursuite ses études dans … un cursus conduisant au diplôme national de master et,
le plein droit pour tout étudiant entré en master d’effectuer 4 semestres de formations sans sélection intermédiaire (accès en 2ème année de master de droit)

La proposition de modification de l’article 612-6 du code de l’éducation votée en CNESER et avalisée par le Sénat dit bien autre chose. Je cite :

  • 1. Les établissements peuvent fixer des capacités d’accueil pour l’accès au M1. L’admission est alors subordonnée au succès à un concours ou à l’examen du dossier du candidat.
  • 2. S’ils en font la demande, les titulaires du diplôme… de licence qui ne sont pas admis en M1 d’une formation … de leur choix se voient proposer (précisée par décret de la façon suivante 🙂 par le recteur de la région académique au moins 3 propositions d’admission en master en fonction de l’offre de formation existante, des capacités d’accueil (précisé si après) …, du projet professionnel de l’étudiant et des pré-requis des formations.
  • 3. l’une au moins (des 3) des propositions d’inscription concerne en priorité l’établissement dans lequel l’étudiant a obtenu sa licence lorsque l’offre de formation le permet et à défaut un établissement de la région académique dans laquelle l’étudiant a obtenu sa licence
  • 4. Les capacités d’accueil fixées par les établissements font l’objet d’un dialogue avec l’Etat.
  • 5. Un décret pris après avis du CNESER peut fixer la liste des formations… master pour lesquelles l’accès au M1 est ouvert à tout titulaire d’un diplôme de premier cycle et pour lesquelles l’admission à poursuivre cette formation en M2 peut dépendre des capacités d’accueil des établissements et, éventuellement, être subordonnée au succès à un concours ou à l’examen du dossier du candidat.

    Chers camarades, parce que les établissements accusent une augmentation conséquente des effectifs étudiants, parce que le durcissement des conditions de travail a épuisé les collègues, parce que les IUT, BTS, les formations médicales, les grandes écoles, les établissements supérieurs privés ont gardé, eux, leur droit de sélection à l’entrée et pour certains le droit de fixer le montant des frais d’inscription, parce que de nombreux collègues ont peur que leur formation devienne une filière poubelle, en ce moment même, un nombre certainement majoritaire de formations sur tout le territoire français fixent une capacité limite d’accueil (alors qu’à la marge à l’existant).

Où iront les reçus-collés ? Dans quelle formation seront-ils envoyés ? Qui aura les moyens de poursuivre des études à l’autre bout de la France (voir sur le site de la FSU l’interview de Frédéric Le Baron sur le problème grave de défaut de financiarisation de l’ESR) ?

Le gouvernement français met un coup d’arrêt à la liberté-égalité d’accès, au libre arbitre de l’étudiant dans le choix de son devenir professionnel. L’ascenseur social au mérite n’est plus qu’une carcasse désossée.

Le service public ne répond plus à sa mission de contribution à réduire les inégalités sociales et territoriales en termes d’unité, égalité et accessibilité (dixit Gérard Aschieri (2006) puis Bernadette Groison (2013) dans FSU Fédération syndicale unitaire, aujourd’hui, préparer l’avenir).

Chers camarades de la FSU, c’est l’un des combats centraux de notre fédération qui est mis à terre. Nous ne pouvons l’accepter. Nous devons avec force le dénoncer et nous y opposer.