Jérôme Falicon : sur le dialogue social

Quels sont aujourd’hui les moyens dont disposent les travailleurs et leurs organisations pour obtenir des avancées sociales ?
L’histoire montre que la construction du rapport de force, les luttes sectorielles ou plus générales permettent de réelles victoires ; et personne ici, ni au SNUipp ni à la FSU, ne le conteste.

La négociation est un autre levier. Sous le vocable de dialogue social, la négociation est devenue le point de passage obligé des rapports entre patronat et salariat. Dans l’immédiate après guerre et jusqu’aux années 1960, il a permis le développement des infrastructures, de la consommation de masse, et l’augmentation corrélative des salaires permettant à la fois aux salariés et aux actionnaires d’y trouver leur compte.
La crise économique des années 19760 1970 déclenchée par la saturation des marchés, la suraccumalation, la concentration du capital, la décolonisation a entraîné une baisse du taux de profit rendant plus compliqué le dialogue social. Les marges se réduisant, la part de progression pour les salariés se réduisait autant.

Aujourd’hui, face à un patronat, à un état qui redoublent de violence, d’organisation, de puissance, le dialogue social est fortement remis en avant par ceux-là mêmes qui devraient s’en méfier ! La réalité, c’est qu’on ne discute pratiquement plus que pour savoir quel recul est plus acceptable qu’un autre.
Le gouvernement est friand de dialogue social, il en a fait un mode de gestion comme lors des « conférences sociales » qui ont débouché entre autre sur le pacte de responsabilité.

Partant de là, quelle attitude adopter ? Doit-on refuser tout dialogue social au prétexte qu’il n’y a plus rien à gagner ? Doit-on y aller en toute confiance, au risque de construire un syndicalisme d’experts sans lien avec les travailleurs, une sorte d’encadrement capitaliste du salariat ?
La réponse n’est pas le juste milieu. Le dialogue social ne peut se concevoir sans construction d’un rapport de force favorable aux salariés, à tout moment des négociations, le syndicat doit impulser, rendre compte, consulter, créer les conditions d’une appropriation des enjeux par l’ensemble de ses mandants.

C’est dans cet esprit que nous devons construire les mobilisations qui doivent absolument accompagner les discussions que le gouvernement veut ouvrir sur les salaires des fonctionnaires en portant haut nos revendications d’augmentation uniforme et du point d’indice.