« En chemin, elle rencontre… »

En chemin elle rencontre Titre de 3 volumes d’une série de BD sur les violences
faites aux femmes et l’égalité femmes-hommes,

Éditions Les Ronds dans l’eau.

Les textes officiels comptent un grand absent, la question des moyens matériels qui seront accordés à la mise en œuvre de la « constitution d’une culture de l’égalité et du respect mutuel partagée ».

Moyens accordés aux établissements et aux associations d’éducation populaire qui participent à la progression de la prise de conscience collective du sexisme.

Si le Code de l’éducation propose de dispenser, à tous les niveaux de scolarité, « une information consacrée à l’égalité entre les hommes et les femmes, à la lutte contre les préjugés sexistes et à la lutte contre les violences faites aux femmes et les violences commises au sein du couple », cela n’est pas encore une réalité sur le terrain.

Des séances d’informations peuvent être animées par des intervenant-es extérieur-es (tous les personnels ne sont pas formés ou ne souhaitent pas intervenir) et leurs séances nécessitent rémunération.

Depuis juin 2014 et le plan d’action, les Comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) des établissements du second degré par exemple n’ont pourtant pas vu leur dotation progresser.

Est-il possible dans un établissement scolaire sans personnel particulièrement investi de mettre en place des actions en se passant de l’expertise d’associations qui sont elles-mêmes parfois à l’agonie ?[[Exemple du Planning Familial de Toulouse Mars 2015]]

**On ne nait pas féministe…

Depuis la rentrée 2015, c’est la tiédeur qui prévaut en termes de communication sur l’égalité et la question de la construction sociale du genre.

La difficulté de la mise en place de la Ligne Azur a visiblement ouvert le chemin. Où est donc la campagne de sensibilisation commune des personnels, la campagne en direction les élèves, le matériel concret mis à disposition ?

Certes, la circulaire du 20 janvier 2015 promet la construction de modules envers personnels et élèves et le site CANOPE propose des pistes. Nous savons que le premier des leviers de ce combat est la prise de conscience de l’inégalité réelle femmes hommes par les personnels.

Le seul « parcours de formation à distance sur l’égalit́é entre les filles et les garçons » ne pourra contribuer « à construire, chez les étudiants et les stagiaires, une posture professionnelle propice à davantage d’égalité de traitement entre filles et garçons à l’École. »

Rien ne pourra remplacer l’expertise de chercheur-es, d’intervenants associatifs, dans des formations sur site construites sur le long terme, participant d’un véritable projet éducatif, s’adressant aux personnels stagiaires, titulaires et aux élèves.

**…on le devient

Et pour le devenir, la question de l’éducation à l’égalité ne peut être un supplément d’âme.

Comme le souligne Guillaume Hubert dans www.50-50magazine.fr, l’égalité filles garçons, la question de la construction sociale du genre sont absentes des Assises de l’École :

« Pourtant, dans les 18 pages du document présentant le dispositif des Assises, pas une seule fois ne sont évoqués les termes de “ genre ”, de “ sexe ”, de “ fille ”, de “ femme ”, de “ garçon ” ou « d’homme ”. »[[« Ministère de l’Education Nationale : où t’es genre, ou t’es ? »

http://www.50-50magazine.fr/2015/02/20/ministere-de-leducation-nationale-ou-tes-genre-ou-tes/ ]]

Et à propos de la circulaire du 20 janvier 2015, « le terme de genre est également manquant dans ce texte. », comme il l’est de la proposition de socle commun.

Comment prôner une égalité « intégrée » et ne pas faire figurer la question du genre dans le chantier prioritaire que se donne le Ministère ?

Personne ne revient sur la nécessité de la co-éducation sur toutes ces questions, mais la circulaire de janvier 2015, posant un certain nombre de conditions de communication systématique aux parents, prend des airs de « garde-fous » plus que de travail commun. Communiquer n’est pas convaincre.

La seule façon de convaincre étant de tout mettre en œuvre pour déconstruire les stéréotypes, réaffirmer que l’inégalité des sexes est créée par la construction sociale du genre et accepter que le mot féminisme ne soit plus un mot employé à la seule tribune de l’ONU mais aussi dans les écoles, à l’heure où seulement 27 % de femmes ont leur place à l’Assemblée nationale. ●

Ingrid Darroman