La ministre s’enferre et déclenche la colère

La réforme des collèges est de plus en plus débattue dans les salles des professeurEs, les syndicats critiques de la réforme (ceux de la FSU mais aussi la CGT, FO et Solidaires par exemple) sont très sollicités pour animer des heures d’information syndicales sur le sujet.

Les analyses déjà publiées ici par l’école émancipée restent toutes valables tant la ministre campe sur ses positions.
Les annonces sur les nouveaux programmes vont dans le même sens : il s’agit d’une attaque frontale contre le second degré qui se fait contre la majorité des personnels.
En effet lors du vote au CSE le 10 avril dernier, la réforme a été adoptée par 51 voix contre 25 avec le soutien du SE-UNSA, du SGEN-CFDT, de l’UNEF et du MEDEF par exemple (soit l’ensemble des forces très influencées par le PS alliées au patronat) et le rejet des syndicats qui représentent 80 % de la profession (FSU, CGT, FO et Solidaires par exemple).

Une intersyndicale du second degré s’est tenue dans la foulée le 15 avril dernier et la date du 19 mai prochain se détache comme journée de grève nationale contre cette réforme.

La réussite de cette journée se doit d’être pleine et entière et les suites doivent être préparées dès maintenant, c’est dans ce sens que les militantEs de l’école émancipée interviendront et agiront : une journée, même massive ne suffira sans doute pas à obtenir le retrait de cette contre-réforme d’inspiration néo-libérale et des dérèglementation qu’elle porte.
C’est pourquoi les initiatives qui la précéderont devront aussi être réussies : rassemblements et grèves tournantes par période sur les vacances de printemps par exemple.


La réforme du collège est sur les rails, elle a beau être contestée par tous – les profs hurlent, les syndicats claquent la porte des discussions (comme l’a fait la FSU mardi 28 au soir)-, la ministre a décidé qu’elle s’appliquerait à la rentrée 2016, et pour tous les niveaux du collège en une seule fois !

Cela devient une habitude avec ce gouvernement : passage en force (à peine un mois de consultation) pour un projet inadmissible !

Le nouveau collège que dessine cette réforme va modifier en profondeur les contenus, l’organisation, et les finalités du système éducatif… C’est une attaque extrêmement grave contre le collège unique, et une remise en cause du métier et des missions des personnels. C’est un tissu de mensonges, plus ou moins larvés, non dits, mais tromperies tout de même. Jugeons un peu :

– Les horaires profs/élèves : inchangés. MAIS les profs doivent inclure, dans le même volume horaire, d’autres tâches (Aide Personnalisée, par exemple, ou EPI, enseignement pratiques interdisciplinaires). Ce qui signifie bien au passage une BAISSE réelle des horaires disciplinaires.

– Les EPI sont des travaux interdisciplinaires, avatars des IDD, qui seront autant de variables d’ajustement des services des profs, et usines à gaz de gestion des élèves… Déréglementation forcenée à l’horizon.

– Certains horaires disciplinaires seraient globalisés (ceux des sciences en 6ème, par exemple). Nouvelle variable d’ajustement des services, une réponse à la pénurie des enseignants dans ces disciplines. Qui décidera de la répartition des heures au sein des disciplines ? Le conseil pédagogique… La réforme consacre les hiérarchies intermédiaires (conseils pédagogiques, conseils de cycle, …) dont les coordonnateurs seront autant de nouveaux petits chefs.

– Les horaires disciplinaires sont fixés par matière et par niveau MAIS il est possible (autonomie de l’établissement) de les répartir, comme bon semblera au conseil pédagogique, à l’intérieur d’un même cycle : autrement dit, dans le collège x, on fait 4 heures de français en 6ème, et 2h en 5ème. C’est l’inverse dans le collège Y. Pas de chance pour cet élève qui change de collège en 5ème et qui aura fait seulement 2h de français en 6ème et en 5ème…

C’est la fin des horaires et programmes nationaux sur le territoire.

– La LV2 intervient désormais dès la 5ème : les horaires sont inchangés pour cet enseignement, répartis seulement sur 3 ans au lieu de 2. Cela permet au passage de supprimer les classes bilangues et les classes européennes (qui « consomment » beaucoup d’heures pour assez peu d’élèves). Economie substantielle… Et les profs de LV, comme beaucoup d’autres, dont l’horaire baisse, devront donc enseigner à une, voire deux classes de plus dans leur service. Augmentation de la charge de travail…

– Les langues anciennes sont elles aussi supprimées, elles seront éventuellement tolérées (mais avec un horaire à la baisse, une heure de moins pour chaque niveau) à la seule condition que l’établissement les finance sur ses propres fonds. Mise en concurrence des disciplines et des établissements : autant dire qu’en collège REP, là où la demande des familles est moins forte, on ne fera pas le choix du latin…

Ce collège n’a donc plus rien d’unique, il piétine les principes d’égalité pour tous et toutes face aux apprentissages, aux offres de formation, aux contenus et revoit toutes les exigences à la baisse ; le ministère a misé sur la caporalisation pour faire passer toutes ces nouvelles prescriptions. Un tel projet ne doit pas voir le jour : il faut le refuser et en obtenir le retrait.