Genre, éducation à l’égalité, éducation à la sexualité

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– Liens vers les articles sur le site national du SNUipp-FSU

« Journée de Retrait de l’école » : encore une offensive de l’extrême-droite contre l’école

Plusieurs sections départementales du SNUipp-FSU ont été alertées par des collègues au sujet d’une nouvelle campagne contre le dispositif ABCD égalité.
Après les opérations de tractages devant des écoles, après l’organisation de conférences, des parents d’élèves ont reçu des sms ou des courriels pour la Journée de Retrait de l’Ecole (il serait d’ailleurs intéressant de savoir comment les auteurs de ces campagnes se sont procuré les adresses ou numéros de téléphone…).
L’objectif est d’inciter les parents à retirer leurs enfants de l’école vendredi 24 ou lundi 27 janvier, puis une journée chaque mois, afin de refuser la « théorie du genre » ! La date n’est pas choisie au hasard, puisque de nombreuses organisations d’extrême-droite appellent à un « jour de colère » dimanche (avec manifestation à Paris). Ces offensives multiples sont alarmantes ! Qui est derrière ce sigle ?
Cette action est lancée par Farida Belghoul et « égalité et réconciliation », le mouvement de Soral. Elle rencontre un écho auprès de certaines familles musulmanes.
Tout cela semble savamment orchestré. Après les mobilisations de « la Manif pour tous » et autres vigi-gender, c’est maintenant une autre partie de l’échiquier de l’extrême-droite qui s’associe au mouvement de propagande mensongère et de dénigrement de l’expérimentation ABCD. Dès le 24 janvier, le SNUipp-FSU est immédiatement intervenu auprès du Ministère afin que soit rappelée la place (déjà ancienne) de ces apprentissages dans les programmes, et que ces questions cessent de troubler l’indispensable sérénité dont ont besoin enseignants, élèves et parents au sein de l’école.
Nous demandons au ministère que tout soit mis en œuvre pour que les services de l’Etat recherchent la manière dont les auteurs de ces campagnes ont pu se procurer les adresses ou les numéros de téléphone. En réponse, le ministère a décidé de lancer une alerte auprès des Recteurs et des DASEN. Ils ont pour mission notamment, de transmettre aux écoles des outils d’informations à distribuer aux familles.
De plus, il nous assure qu’il lance une enquête sur les adresses et numéros de téléphone.

**Qu’est-ce que les études sur le genre (ou gender studies) ?

Au risque de nous répéter, la « théorie du genre » n’existe pas !
Ce n’est pas une idéologie, mais un concept scientifique, un domaine de recherche pluridisciplinaire, né il y a une trentaine d’années en Europe, qui fait référence aux qualités, rôles, responsabilités associés traditionnellement aux hommes et aux femmes dans une société.
En France, on a longtemps préféré les expressions « rapports de sexe » ou « rapports sociaux de sexe » plutôt que la notion de genre. Le genre est parfois défini comme le « sexe social », différencié du sexe biologique.
Il s’agit d’une construction sociale de la différence des sexes, telle que Simone de Beauvoir l’écrivait en 1949 « On ne naît pas femme, on le devient », expression tout aussi symétriquement applicable aux hommes.
Cette différenciation des sexes fonde une hiérarchie au profit du masculin qui varie en fonction des lieux, des époques et du contexte socioculturel. Pour d’autres chercheurs et chercheuses le genre (traduction de gender) est le système qui produit la bipartition hiérarchisée entre les hommes et les femmes.
Ce cadre normatif peut se révéler très étroit, générant sexisme et homophobie, et enfermant les individu-es dans des rôles dans lesquelles ils et elles ne se reconnaissent pas forcément.
Le genre est donc parfois défini comme un outil d’analyse, parfois comme un système de hiérarchisation entre les sexes (les deux définitions ne s’excluant pas forcément). [( Ceux qui s’élèvent contre le « genre » sont ceux qui en réalité en sont les gardiens du temple !)] Être sensibilisé-e aux études de genre, c’est donc faire la part du culturel, des stéréotypes pesant sur les individu-es en fonction de leur sexe, et avoir conscience des rapports sociaux inégalitaires entre les sexes.
En gros, le chromosome Y n’est pas incompatible avec les tâches ménagères, et le destin des femmes n’est pas exclusivement d’être mères, par exemple ! Il ne s’agit pas non plus de nier les différences biologiques, mais de les remettre à leur juste place. Ces études se heurtent à de puissants discours qui rapportent les différences perçues et la hiérarchie entre les hommes et les femmes à un substrat biologique, à un invariant naturel.

**A l’école :

  • Il ne s’agit pas de faire la promotion d’une orientation sexuelle mais d’éduquer à l’égalité filles-garçons.
    De même, il n’est pas question d’enseigner les études sur le genre à l’école primaire.
  • Mais il est nécessaire que l’école les prenne en compte aussi bien dans son enseignement que dans sa gestion des relations entre enfants.
    A l’école, ces rapports sociaux de sexe ont cours et sont maintenant bien connus. Le système éducatif les reproduit par ses hiérarchies entre professionnel-les, l’orientation, les pratiques de classe et les interactions enseignant/élèves, l’image des disciplines, l’évaluation des élèves, les manuels scolaires, la littérature de jeunesse, l’occupation de l’espace dans la cour et la présence symbolique dans la classe…
Nous devons veiller à ne pas enfermer nos élèves dans des schémas étriqués, afin de leur laisser ouvert le champ de tous les possibles : choix d’orientation scolaire et professionnelle, choix de loisirs, et de permettre l’épanouissement de toutes et tous.
Il s’agit de lutter contre les stéréotypes, de promouvoir la diversité. Cela se pratique au quotidien, dans nos attitudes et nos réactions, et peut également être traité lors d’activités pédagogiques plus spécifiques, comme celles du dispositif ABCD égalité.
  • Lutter contre les discriminations et les stéréotypes véhiculés sur les filles et les garçons est précisément un des objectifs de l’école républicaine : depuis 2000, la Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif (nouvelle version signée en février 2013) entend sensibiliser les élèves (et les personnels) à l’égalité filles/garçons.
    Tout comme l’éducation à l’égalité, l’éducation à la sexualité fait partie des missions de l’école depuis longtemps.

**Rassurer les parents :

Si l’école travaille sur les stéréotypes filles-garçons, c’est pour qu’ils ne soient pas un carcan pour les enfants, et qu’ils ne limitent pas leur épanouissement personnel de filles ou de garçons.
On ne met pas dans la tête des enfants qu’ils pourraient choisir leur sexe ! Leur identité ne sera pas brouillée, ils pourront au contraire mieux s’affirmer individuellement : on leur montre qu’être fille ou garçon ne doit pas forcément conditionner leurs choix de loisirs, de lectures, de sports, de métiers… La « complémentarité des sexes » est un mythe, chaque fille, chaque garçon est un être unique, et il n’existe pas de particularités de goût, de caractère ou d’aptitude qui serait partagées par toutes les filles ou par tous les garçons.
Les résultats des neuro-sciences montrent que les différences de cerveaux sont individuelles, il est faux de parler de cerveau féminin ou masculin. L’éducation à l’égalité et l’éducation à la sexualité existent depuis longtemps à l’école, il n’y a rien de nouveau (cf textes officiels [[
Site du Ministère : http://www.education.gouv.fr/cid4006/egalite-des-filles-et-des-garcons.html
ABCD de l’égalité : http://www.cndp.fr/ABCD-de-l-egalite/accueil.html ]]).
Il ne s’agit pas de parler de pratiques sexuelles, encore moins de faire des démonstrations !
C’est une éducation au respect entre les sexes, afin de prévenir et d’empêcher les violences sexistes et les abus sexuels, doublée de quelques notions de science sur la reproduction animale et humaine. Quant à faire la promotion de l’homosexualité, cela ne tient pas : on ne choisit pas d’être homosexuel-le, ni hétérosexuel-le d’ailleurs.
Donc parler de couples homosexuels, c’est parler d’amour, d’affection (et non de pratiques, là encore), et cela n’aura pas de conséquences sur l’orientation sexuelle des enfants.
En revanche, cela peut éviter des suicides pour celles et ceux qui se découvriront homosexuel-les à l’adolescence, ou simplement qui ne correspondront pas aux normes.

Recueil de textes (non exhaustif) :

Sexisme-Homophobie : Textes officiels

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