Valérie Tavernier : lutter contre la guerre de Trump

Le 5 janvier dernier, Macron assurait Trump de son « entière solidarité » suite à l’assassinat du général Soleimani, se contentant du rôle de junior partner, alignant la France sur la politique belliqueuse conduite par l’administration Trump envers l’Iran. Il exhortait en parallèle le président iranien Rohani à « s’abstenir de toute mesure pouvant aggraver l’escalade en cours », lui laissant la seule responsabilité de la suite du conflit. Une attitude qui donne à voir une France complaisante, lâche et indigne, là où on l’aurait voulu une diplomatie française, entrainant dans son sillage les diplomaties européennes, œuvrant pour la paix.

Le crime de guerre commis par le président américain est un de ces actes qui peuvent faire basculer le fragile équilibre de notre monde. En ordonnant et revendiquant publiquement l’assassinat d’un dirigeant d’un Etat souverain membre des Nations unies, alors que jamais aucun des présidents de la première puissance militaire mondiale ne l’avait fait, Trump se pose en incendiaire, viole le droit international et transforme les USA en un pays voyou.

Scénario cauchemardesque, néant stratégique, ignorance crasse…nombre des chroniqueur.es de la presse américaine tirent à boulet rouge sur l’aventurisme de celui dont ils se plaisent à rappeler que sa seule formation politique est celle de la téléréalité, ce qu’il illustre en menaçant de lancer une opération de grande envergure contre 52 sites « « de très haut niveau et très importants pour l’Iran et pour la culture iranienne » en cas de riposte. Cette annonce, volonté de frapper des sites culturels sur le territoire iranien, consiste tout simplement à promettre des massacres de civil.es ce qui est un crime de guerre.

Les crises de politique étrangère permettent parfois aux présidents de remonter dans les sondages et de faire taire les critiques partisanes. Trump n’aura sans doute pourtant pas réussi à faire oublier la procédure de destitution en cours. Et malheureusement, le rassemblement patriotique autour du drapeau qu’il espérait, n’a pas lieu aux Etats-Unis. Mais il l’a provoqué en Iran, dans une période où les iranien.nes doivent continuer à concentrer leurs forces pour lutter pour un Iran libre et démocratique, affaiblissant aussi le mouvement populaire en Irak, en solidarité avec l’Iran contre les USA.

Si on ne peut pas valider ce crime, il ne s’agit pas pour autant de faire du général Soleimani autre chose qu’un « petit soldat au service des mollahs » tel qu’il se définissait lui-même , responsable de milliers de mort.es et de millions de réfugié.es.
Il s’agit de bien comprendre que ce qui se joue aujourd’hui peut avoir des conséquences concrètes pour nous, si d’aventure la logique belliqueuse s’imposait et que notre président continuait son soutien à Trump.

Et parce que je ne ferai pas mieux que Plenel, je préfère le citer : « En politique internationale comme en politique nationale, la question décisive est celle du contrôle de notre destin, de notre bien commun et, donc, de nos propres vies. […] Plus urgemment que jamais, nous devons reprendre collectivement le contrôle de notre destin commun afin d’empêcher la guerre qui vient. Cette guerre qui, à aucun prix, ne saurait être la nôtre. »