Olivier Sillam sur la situation des migrant-es et la solidarité

20 morts. C’est le résultat du rétablissement des contrôles à la frontière italienne depuis juin 2015.

Notez bien la date c’est AVANT le Bataclan et cela n’a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme. Le rétablissement des contrôles à la frontière italienne a pour seul et unique but de freiner sinon stopper les flux migratoires.

Sauf que les migrant-es continuent de vouloir passer cette frontière en quête d’un monde meilleur car fuyant la guerre, la misère et les dérèglements du climat. Passant par Vintimille, ils/elles viennent principalement du Soudan (et notamment du Darfour), d’Ethiopie, d’Erythrée et plus généralement de la frange sahelienne de l’Afrique subsaharienne. Ce sont le plus souvent des dictatures et des pays en guerre qui subissent en plus justement le réchauffement climatique.

Ils passent ou passaient car depuis quelques semaines les routes semblent changer, par la Libye où contrairement à ce que semble dire l’UE il n’y a plus d’État mais des chefs de guerre qui exploitent la misère et pratiquent une forme d’esclavage sur les populations précédemment citées.

Ils arrivent après un voyage dangereux sur des zodiacs dans le sud de l’Italie et remontent jusqu’à Vintimille où s’ils n’ont pas de place dans le camp de la Croix rouge italienne, ils dorment dehors.

​J’en viens donc au département des Alpes Maritimes qui se trouve donc en situation inversée par rapport à Calais puisque les migrant-es veulent pénétrer sur le territoire français et non en sortir.

Le camp est donc à Vintimille, en Italie.

La police française arrête tout-es les noir-es à la frontière italienne. Oui, au faciès, dans un racisme décomplexé.

Il faut voir la police française monter dans tous les trains obligés de s’arrêter à Menton Garavan, première gare en France, et chercher tous les noir-es pour les renvoyer en Italie.

Alors les migrant-es essaient de passer quand même et c’est comme cela qu’on a des drames : certain-es meurent en essayant de passer la voie ferrée ou par l’autoroute, d’autres électrocuté-es par les caténaires des trains, d’autres encore noyé-es par la montée d’une rivière ou encore en tombant dans un ravin parce que poursuivi-es par la police ; 20 ce sont seulement celles et ceux dont on a retrouvé les corps. Il n’y a pas de crise des migrant-es, il y a une crise de l’accueil.

​La voie du bord de mer étant fermée, ils passent par les montagnes et arrivent ainsi dans la fameuse vallée de la Roya.

Il y a eu depuis deux ans un formidable élan de solidarité dans cette vallée. C’est cette générosité, cette solidarité que l’État veut punir, notamment à travers le cas emblématique de l’agriculteur Cédric Herrou mais pas que.

Mais d’abord un mot sur la Roya. Depuis plusieurs mois cette vallée est encerclée de checks points : en venant d’Italie mais aussi pour aller sur une autre partie du territoire français. Cette vallée est devenue une enclave remplie de flics et de militaires avec un dispositif évalué à 60 000 euros par jour. Là encore, rien à voir avec la lutte contre le terrorisme.

​Parmi les aidant-es, il y a Cédric Herrou, agriculteur qui organise un camping sur son terrain et accueille régulièrement des dizaines de migrant-es qui se reposent avant de reprendre la route. Il est devenu un symbole positif de l’aide et de la solidarité. C’est donc lui que les autorités veulent abattre : 7 gardes à vue, 2 mises en examen, son terrain complètement encerclé par des gendarmes et des militaires.

Et pourquoi ? Pour rien.

Il lui ait à chaque fois reproché sa solidarité avec les migrant-es.

Pire, alors qu’il avait été partiellement relaxé en première instance, la cours d’appel d’Aix-en-Provence l’a condamné à quatre mois de prison avec sursis pour retirer un bénéfice militant de l’aide aux migrant-es !

Il en est de même pour l’enseignant-chercheur Pierre-Alain Mannoni qui vient d’être condamné à deux mois avec sursis pour des raisons identiques.

Ainsi donc l’action militante devient criminelle pour une justice aux ordre ! Oui aux ordres ; En effet, la septième garde à vue de Cédric Herrou est grotesque : il a été mis en garde à vue pour violence et séquestration par un passeur qu’il avait lui même dénoncé à la police il y a un mois et demi !

Il n’est bien sûr pas poursuivi mais cela ressemble à de l’acharnement !

Ils veulent abattre Cécric, Pierre-Alain et tout-es celles et ceux qui aident les migrant-es mais nous seront dix, cent, mille et nous continueront de les aider ; Liberté de circulation et d’installation. La solidarité ne doit pas faiblir !

Cela continue le 2 octobre avec un nouveau procès, celui de Raphaël Prio.