La santé n’a pas de prix

Leur livre passionnant ne se contente pas de brosser une histoire de la santé
et de la sécurité au travail[[ « La santé n’a pas de prix.

Voyage au cœur des CHSCT »

Hélène Adam, Louis-Marie Barnier

Syllepse 2013, 18 €.]]. Il expose, avec de nombreux exemples,
les problématiques et les luttes contre le management néolibéral,
pour l’émancipation des femmes ou sur les risques nouveaux.

Il participe enfin aux débats indispensables de stratégie syndicale pour reconstruire
une parole et une action collective des salarié-es.

**◗ École Émancipée : Quelles origines voyez-vous à l’importance accrue donnée aux questions de santé et de sécurité par les organisations syndicales ?

Deux évolutions se croisent actuellement. D’une part, les anciennes pathologies de type physique n’ont pas diminué, loin de là, même si la mécanisation a pu prendre en charge une partie de ces contraintes.

Mais les effets sur la santé sont devenus beaucoup moins acceptés socialement. Le débat sur la prise en compte de la pénibilité pour la retraite est d’ailleurs révélateur. Il a montré que si l’espérance de vie des ouvrier-es est toujours inférieure de plusieurs années par rapport aux cadres, cela n’est plus accepté comme une fatalité de la condition ouvrière.

D’autre part, de nouvelles atteintes à la santé s’étendent, sous forme de stress, de mal-être, de souffrance psychique alors que les anciennes formes de surveillance (dite « tayloriennes ») persistent voire s’intensifient, avec par exemple l’extension de l’informatisation.

L’intensification du travail produit également une augmentation spectaculaire des Troubles musculo-squelettiques (TMS) et nous avons également souligné, au travers d’exemples, les conséquences de « consignes » impossibles à réaliser dans le temps imparti, avec les moyens donnés, qui peuvent conduire à une surcharge mentale, facteurs d’accidents du travail.

La responsabilisation du salarié-e dans ses actes de production, où il serait plus autonome, s’appuie sur la généralisation de l’évaluation, aussi bien dans le secteur public que dans le privé. Le néolibéralisme crée ainsi une nouvelle forme de contrainte de la personne, devenue responsable vis à vis et en concurrence avec les autres salarié-es.

Le terme de « risques psychosociaux » recouvre cette réalité, tout en masquant la lourde responsabilité des employeurs à l’égard de ces situations dramatiques induites par leur stratégie.
La Santé n'a pas de prix