Edito : « Le vent nous portera ! »

Les ministres des Finances du G20 se sont réunis en février. Au programme, la réforme du système monétaire international. Entendons : comment faire en sorte que les profits soient garantis et restaurés à la hauteur de ce qu’ils étaient précédemment ?
Au même moment, des banques françaises ont annoncé la reprise de leurs bénéfices. Les journalistes économiques s’interrogent doctement sur la légitimité qu’il y aurait à ce que ces banques, renflouées par l’Etat, rendent au moins partiellement les cadeaux qui leur ont été fait. La question de savoir comment les salariés qui ont supporté les effets directs de ces cadeaux, pourraient profiter des bénéfices n’est pas posée !
Le sommet du G8 se tiendra bientôt à Deauville. Entre deux séances de photos sur les caillebotis du bord de mer, les chefs d’Etat des pays les plus riches s’interrogeront sur la situation du monde. Pour comble de provocation, 17 chefs d’Etats Africains, censés représenter les populations parmi les plus pauvres, sont invités à participer aux agapes et surtout à trouver le moyen d’éviter à leurs hôtes, les pays développés, ces arrivées intempestives de migrants qui veulent simplement vivre ! – La folie de ce capitalisme débridé n’est plus à prouver. La catastrophe japonaise illustre malheureusement ce que peuvent être les conséquences de la recherche continue de profits, de la volonté de croissance sans entrave et sans réflexion sur le futur. C’est la population, ce sont les travailleurs qui subissent les choix des apprentis sorciers qui nous dominent !
La France, par la présidence du G20 et du G8, est amenée à prendre l’initiative. Gageons qu’elle n’en profitera pas pour mettre en cause le nucléaire et appeler à un changement radical de politique énergétique. – Le remaniement ministériel n’a changé ni la politique intérieure du gouvernement (suppressions de postes et atteintes aux services publiques sont toujours à l’ordre du jour), ni sa vision du rôle des peuples dans la prise en charge de leur avenir.
Le départ de Brice Hortefeux ne donnera pas à la France le statut de « pays des droits de l’homme » dont elle entend pourtant se targuer malgré la réalité des politiques menées. Bien au contraire, plus que jamais la « sécurité » est à l’ordre du jour. Face à la montée dans les sondages de Marine Le Pen, Sarkozy surfe sur le discours sécuritaire, légitimant les affirmations mais aussi les votes Front National. – Contre cette politique, les travailleurs de ce pays ne baissent pas les bras : en mars, avril des mobilisations sont prévues pour le droit au logement, pour l’Education, pour la Poste, pour la Sécurité Sociale. En Normandie, on organise la réaction au sommet du G8 malgré l’état d’alerte maximum que connaîtra la région. – Pendant ce temps-là les peuples n’attendent pas. Les Tunisiens ont chassés Ben Ali. Hosni Moubarak a lui aussi été contraint de quitter le pouvoir en Egypte. Mouammar Kadhafi pourrait bien suivre leur chemin. Le « défenseur du peuple libyen » et de la « Révolution Verte », celui qui avait planté sa tente il y a trois ans dans les jardins de Sarkozy, n’était qu’un dictateur… Seuls nos dirigeants faisaient mine de l’ignorer ! Ils ne le peuvent plus face à la répression qui ensanglante la Lybie. Les menaces sur le pétrole sont, pour eux, une raison de s’inquiéter… Pour nous, c’est le sort des peuples qui nous occupe !
En novembre 2011, le sommet du G20 présidé par la France, se tiendra à Cannes… Ce vent fou porteur d’espoir, venu de la rive Sud de la Méditerranée, devrait se lever pour leur dire que nous ne voulons pas de leur monde, que nous aspirons à un autre monde où l’être humain aurait plus de poids et de sens que leurs bénéfices. Pour que cet autre monde naisse, il faudra que le vent les balaye !
Nous l’espérons, nous y travaillons… Le 18 mars 2011.

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