DONNONS UN AUTRE SENS AU SNES !

Le syndicalisme, sous les coups de boutoir du sarkozysme, est en situation difficile. Il lui faut faire la preuve de son utilité aux yeux des personnels, à la fois sceptiques, prompts à se désyndiquer, et en même temps plus que jamais en attente. L’Ecole Emancipée n’a pas la même analyse que la direction U&A sur les réponses à apporter à cette situation. L’enjeu du vote d’orientation est bien là.

Aujourd’hui deux alternatives se dessinent

L’actuelle direction du Snes est persuadée que l’avenir du syndicalisme passe par un repli corporatiste, et fait de la négociation avec le pouvoir le mode d’action privilégié, dans l’espoir que les contre-réformes soient moins pires qu’annoncées. Dans une phase de destruction systématique du statut des personnels, de précarisation croissante et de redéfinition complète des missions de l’école publique, l’Ecole Emancipée considère au contraire que la réponse n’est pas sectorielle. Or le Snes se cantonne trop souvent aux intérêts corporatistes des seuls certifiés et agrégés, petit bout de lorgnette qui ne permet pas de voir l’ensemble.
Pour nous, la résistance passe nécessairement par l’établissement d’un rapport de force avec le pouvoir, lequel suppose qu’on ne minimise pas la portée des attaques et qu’on se batte en convergence avec les autres secteurs, notamment dans l’éducation : premier degré et supérieur.

Mastérisation, réforme des lycées … l’épreuve de vérité

Depuis la rentrée 2008, la réforme des lycées et le recrutement des profs au niveau master 2, ont illustré cette divergence d’orientation. Ces dossiers, toujours sur le feu, constituent la tâche centrale qui attend la prochaine direction du Snes face au pouvoir.
Dans les deux cas, le Snes voulait absolument négocier deux projets pourtant inacceptables. Dans les deux cas il a été obligé d’y renoncer sous la pression : celle des lycéens qui ont contraint Darcos à repousser sa réforme des lycées, et celle des étudiants et personnels du supérieur qui dénoncent à juste titre l’énorme régression que représente la « mastérisation ».
Sur ce dernier point malheureusement, le Snes n’a jamais vraiment alerté les personnels et donc jamais organisé la convergence avec les mouvements dans les facs et les IUFM. Or la question reste entière car Darcos et Pecresse ne font que reporter mais ne retirent rien. Le Snes doit refuser toute augmentation du niveau de recrutement qui entraînerait :

• l’impossibilité pour beaucoup de jeunes des milieux populaires d’accéder aux métiers de l’éducation, faute de pouvoir, en l’absence de réels pré-recrutements, financer 2 années supplémentaires d’études.

• la création d’un vivier de non-titulaires « bon pour le service »,
c’est-à-dire certifiés aptes à l’enseignement grâce au master professionnel, mais ayant échoué au concours.

• la perte d’une année de rémunération et de cotisation, du fait que la professionnalisation ne soit plus dispensée lors de l’année de stage, mais financée par l’étudiant lui-même.

Et tout ça pour une « revalorisation » limitée aux seuls mastérisés… Le Snes, favorable au recrutement après le master, préfère militer pour l’augmentation du niveau de recrutement que pour celle du point d’indice.
Pour l’Ecole Emancipée, le Snes ne doit pas revenir négocier sur les bases proposées par Darcos, ni sur ce dossier, ni sur celui de la réforme des lycées. Or c’est bien ce qu’il est en train de faire : il affirme vouloir l’abandon du projet Darcos, mais le négocie quand même.
De cette orientation fâcheuse découle une absence de détermination dans l’action, car comment appeler les personnels du second degré à se joindre à ceux du primaire, du supérieur, ou des IUFM dans la lutte, quand on n’en partage pas les revendications, qu’on souhaite négocier sans préalable, pas même celui des postes ! Participer aux journées interprofessionnelles ne dispense pas d’assumer ses responsabilités dans son propre secteur.

Pour un syndicalisme de transformation sociale en acte !

Le Snes académique ne s’est jamais distingué par une inflexion particulière de la ligne nationale. Il en accentuerait même plutôt les principaux travers. Par exemple, la direction U&A académique considère que la question des services publics ne doit pas être prise en charge par le Snes. C’est inquiétant à tous points de vue. Défendre les personnels est le fondement du syndicalisme, mais ne saurait en être sa seule tâche. Le Snes doit donner un contenu concret aux valeurs qu’il dit défendre. Cela veut dire occuper pleinement, dans la FSU et dans les cadres unitaires, le terrain des luttes pour la défense des services publics, de la Sécurité sociale, des droits et libertés, des sans papiers, de la solidarité internationale. Le Snes doit être partie prenante de tous les débats où s’élaborent les alternatives sociales, en y apportant son approche de ce que doit être une école émancipatrice pour l’ensemble des jeunes. Car cela participe d’un projet de société plus juste, plus solidaire, respectueuse de l’environnement, bref un vrai projet de transformation sociale dans lequel le syndicalisme enseignant a toute sa place.
C’est ce Snes là que l’Ecole Emancipée essaye de construire à tous les niveaux, en portant dans toutes les instances la voix de celles et ceux qui ont voté pour elle. Alors plus que jamais, votez et faites voter pour les listes « Ecole Emancipée ».