Continuité pédagogique côté prof-es

Sur-travail

Ce qui apparaît dans les messages, c’est un sur-travail lors de la première semaine de confinement et de fermeture des établissements scolaires. Les professeur-es (surtout les professeur-es principaux) ont dû à la fois s’occuper des conseils de classes, s’occuper de parcoursup, corriger le bac blanc en plus d’essayer d’imaginer quel cours elles et ils pouvaient faire avec leurs élèves, de toutes les classes et de tous les niveaux et ont essayé de prendre des contacts téléphoniques avec chaque élève dont elles et ils étaient prof-es principaux.

Cette première semaine fut particulièrement stressante entre autre parce que le serveur régional, par où passe notre connexion à l’ENT, était saturé.
Beaucoup de collègues ont passé la semaine rivé-es à l’ordinateur, avec l’impression de ne pas sortir la tête de l’eau, avec tous les problèmes de santé afférents pour celles et ceux qui ont des problèmes de dos ou de vue. Enfin, il faut ajouter que les collègues se sont retrouvé-es confiné-es avec leurs propres enfants (dont il faut s’occuper, qu’il faut faire travailler…), cela rendant la tâche toujours plus complexe.

Les inspecteurs et les inspectrices

Dès la fin de la semaine sont tombés les premiers messages des IPR (Inspecteur Pédagogique Régional) de chaque matière. Les IPR sont nos supérieurs hiérarchiques dans la matière que nous enseignons. Ces parfois très longues pages sont une suite de liens internet qu’on connaissaient déjà, avec des indications abstraites, une sorte de suites d’injonctions inutiles et proches du système D qui n’avaient, comme but semble-t-il que de nous rappeler qu’il y avait des chefs à bord et qu’on devait travailler !!! Quand ils et elles ne nous sommaient pas d’assister à une formation en ligne…
C’était aussi une incitation à faire du zèle au risque d’épuiser les élèves et renforcer l’angoisse présente dans toute la société.

Il faut dire que depuis quelques années, notamment depuis la réforme du collège de la ministre PS Madame Belkacem, les IPR sont sommé-es d’orienter leur travail vers la mise en place autoritaire des réformes, créer un « esprit d’entreprise », une habitude d’obéissance, y compris quand elles/eux-mêmes trouvent ces réformes idiotes voir néfastes pédagogiquement.

Ce qu’il aurait fallu faire

À Sciences Po, institut privé renommé présent à Poitiers, il a été demandé aux professeur-es d’attendre une semaine sans cours pour que les outils numériques soient disponibles.
La ministre de l’Éducation nationale belge a cadré les missions des enseignant-es dans le contexte du confinement : faire travailler les révisions et ne pas commencer de nouvelles leçons. À l’inverse notre ministre s’est répandu dans les médias pour dire que tout allait bien, que tout fonctionnait, accentuant le malaise entre ce discours et la réalité du terrain.

Quelques leçons de cet épisode.

L’Éducation nationale fonctionne de façon de plus en plus hiérarchique et les outils numériques sont mis au service du flicage de l’activité des enseignant-es. Par exemple la correction des copies des E3C (le nouveau bac des Premières) se fait maintenant en ligne ce qui coûte plus cher (numérisation par le personnel administratif, utilisation de la connexion internet, d’outils informatiques difficilement recyclables) et ne permet pas des annotations fines et rapides des copies. Le seul intérêt de la numérisation est de contrôler qui fait quoi, quand et en combien de temps.

Les outils numériques offriraient pourtant la possibilité de mutualiser le travail enseignant mais il faudrait pour cela que l’institution renonce à son rôle autoritaire et vertical coûte que coûte.
On peut rêver…