Bilan des élections internes SNUipp-FSU 2013

Social-libéralisme, atonie du mouvement social et division/clarification syndicale…

Il y a 18 mois, Sarkozy s’est fait virer mais la gauche sociale libérale au pouvoir, poursuit, pour l’essentiel, les politiques portées par la droite ces 10 dernières années.

Dans un contexte de renforcement de la crise économique et sociale, de précarité, de chômage de masse et de creusement des inégalités, le mouvement social est resté très largement atone sur la question centrale des retraites.

La division syndicale n’y est sans doute pas étrangère. Les deux grandes orientations du syndicalisme (accompagnement des politiques libérales/ transformation sociale) apparaissent clairement comme jamais : ANI, retraites, budget, rapport au gouvernement…

Ce scrutin interne s’inscrit donc dans une période de reflux du mouvement social. Pour les militant-es, il fait suite au congrès de St Malo où l’Ecole Emancipée a pesé politiquement en menant des bagarres avec nombre de sections départementales pour obtenir les meilleurs mandats possibles et réaffirmer notre exigence d’indépendance par rapport au gouvernement. D’où, à la sortie du congrès, une envie légitime de vouloir renforcer, par le vote des syndiqué-es, notre représentativité dans le SNUipp-FSU.
Mais un scrutin interne n’est pas un copié/collé d’un congrès national à large échelle. Il dépend, pour l’essentiel, des dynamiques locales pour faire voter et de l’engagement des équipes militantes sur le terrain…

En effet, l’apparition du débat de tendances lors des seuls scrutins internes ne fait pas sens auprès d’un très grand nombre de syndiqué-es qui ne vont pas « spontanément » voter. Il faut se poser la question d’une matérialité plus permanente des débats d’orientation. Les « gris » de débats, qui n’existent plus que lors des préparations de congrès, la lettre du SNUipp, même si sa diffusion est cantonnée au cercle militant, pourraient notamment y contribuer par la publication de textes plus régulière.
La difficulté à surmonter, c’est que nous portons, un peu seuls, le droit de tendances (UA ne l’assume pas et se revendique, tactiquement, comme « porteur » de la synthèse….). Ce « droit » n’impose pas une obligation de tendances. Mais il estime que le regroupement collectif sur une orientation syndicale est un mode important de constitution d’une direction syndicale, qu’elle soit départementale ou nationale.

La justification d’un vote d’orientation tient dans le fait qu’il pousse au débat – qui « s’affiche » ainsi aux yeux des syndiqué-es – entre les grandes conceptions en présence dans le syndicat. Cela donne une base « politique » à la composition des directions et donc, au final, donne un contenu différent aux synthèses réalisées… et donc aux mandats du syndicat.
Mais porter ce droit de tendance ne doit nullement nous empêcher d’avancer sur les « élargissements » à construire pour porter en commun des batailles importantes, de manière plus large et donc plus efficace…

1) Une participation quasi stable

La participation 2013 s’est quasiment maintenue au niveau de 2010 (légère diminution de 31,79% à 31,25%) qui avait vu une hausse de 4 points.
16049 syndiqué-es ont voté. C’est sans doute insuffisant mais ce n’est pas rien. Que près d’un tiers des syndiqué-es donnent leur « avis » sur l’orientation du syndicat est une bonne chose et n’existe pas ailleurs qu’à la FSU dans le syndicalisme français.

Pour autant, cette moyenne est trompeuse. La participation varie des 8% de l’Yonne aux 74% du Jura. Globalement, et assez habituellement, la participation dans les sections majoritaires EE est bien plus importante que la moyenne. Les équipes militantes de ces départements ont été davantage investies dans le scrutin.

Pour analyser plus finement le profil des syndiqués qui ont voté (retraités rompus aux joutes de tendances, syndiqués récents…), il faudra étudier finement les listes électorales départementales après pointages des votes. Tous les croisements (date de syndicalisation, localisation…) sont possibles pour ceux/celles qui ont accès à SNUPERS.

2) Des enjeux forts et multiples

Comme à chaque scrutin, il n’y pas eu de mobilisation « naturelle » des syndiqué-es. C’est la mobilisation des équipes militantes des tendances qui a fait voter les syndiqués.

Chacune des deux principales tendances avait fait de ce scrutin un enjeu fort. L’EE pour améliorer sa représentativité et conforter ainsi son poids politique et UA, au-delà de ses divisions, pour tenter de maintenir le rapport de force interne. Pour autant, effet des divisions qui la traversent, la mobilisation des équipes locales UA a été inégale et l’hypothèse d’un vote « protestataire » critique, certes à la marge, par un vote blanc ou nul (44, 54, 83) ou par un vote pour les « petites listes » (23, 38, 57, 66) n’est nullement à exclure.

3) Ecole Emancipée en hausse de 1,46 points (28%)

Avec 28% des voix, l’EE atteint son meilleur score à un scrutin interne.

scrutin 1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013
Voix EE 1879 2035 2375 3314 3099 4203 4276
% EE 15,52% 20,84% 23,13% 22,86% 23,11% 26,50% 28,00%

La carte des résultats par départements (cliquer pour zoomer)

Vote_EE-SNU___Oct-2013.png

Un score EE concentré : près de la moitié des voix EE se concentrent dans 15 départements où nous sommes en responsabilité ou co-responsabilité de la section (Doubs, Oise, Haute Garonne, Gironde, Guyane, Jura, Sarthe, Pyrénées Atlantiques, Charente-Maritime, Loire Atlantique, Hérault) et de gros départements dans lesquels d’ailleurs nous ne sommes pas majoritaires (Bouches du Rhône, Seine St Denis, Val de Marne, Val d’Oise).

L’EE en tête dans 23 départements : nous « gagnons » 8 départements (Aude, Aveyron, Cantal, Charente, Dordogne, Gironde, Loire-Atlantique, Lozère) et sommes premiers dans 15 autres (Alpes de Haute Provence, Ardennes, Charente-Maritime, Doubs, Haute-Garonne, Hérault, Jura, Manche, Haute-Marne, Oise, Pyrénées Atlantiques, Bas-Rhin, Sarthe, Territoire de Belfort et Guyane). En revanche, nous perdons la première place dans 2 autres (Haute-Loire, Deux-Sèvres). Dans le Tarn, où nous étions ex-aequo, nous passons second.

L’EE à plus de 40% dans 26 départements pour 22 seulement en 2010 : Oise, Doubs, Guyane, Territoire de Belfort, Charente-M, Jura, Manche, Ardennes, Haute Marne, Haute Garonne, Pyrénées Atlantique, Sarthe, Alpes Haute Provence, Lozère, Cantal, Aude, Bas Rhin, Aveyron, Gironde, Dordogne, Charente, Hérault, Loire Atlantique, Deux Sèvres, Tarn, Lot.

L’EE en deçà de 10% (seuil critique) dans 22 départements (Moselle, Corse du Sud, Corrèze, Orne, Loir et Cher, Creuse, Nord, Aisne, Vaucluse, Mayenne, Guadeloupe, Haute Savoie, Morbihan, Hautes Alpes, Nièvre, Var, Eure et Loir, Alpes Maritimes, Mayotte, Yvelines, Haute Corse), soit 4 départements de plus depuis 2010. Et dans 25 départements, pas forcément les mêmes, nous faisons moins de 10 voix.

Les disparités du score de l’EE entre départements sont liées à l’implantation militante mais également à des « techniques » électorale dans la recherche et la relance des votes différentes selon les départements.

La progression de l’EE est quasiment symétrique à la diminution de UA. Toutefois au global, seulement 50 départements améliorent leurs pourcentages tandis que 51 sont en diminution, assez légère tout de même, seuls 5 départements baissent de plus de 10 points (Ariège, Ardennes, Deux-Sèvres, Orne, Mayotte).

Au final, l’EE s’affirme plus que jamais comme la deuxième tendance incontournable du SNUipp-FSU. La mobilisation des équipes EE dans les départements et de l’équipe nationale a permis d’approcher les 30 % dans le second syndicat de la FSU.

Ce résultat va avoir des conséquences très concrètes au niveau national. Il nous permet d’exiger dès à présent un sixième siège au secrétariat national. Il nous permettra en fin d’année de renforcer notre part de décharges nationales pour élargir l’équipe nationale dès l’année prochaine, très prioritairement en direction de camarades femmes.

Mais au-delà, ce score est le résultat d’une dynamique collective que nous avons su développer tout particulièrement dans la dernière période et qui a pesé sur le Congrès de St Malo. Cela nous donne une responsabilité plus grande pour mieux nous structurer afin de développer l’EE SNUipp au-delà de nos « points forts ». Cela passe aujourd’hui par la nécessité de « couvrir » un nombre plus important de départements. Il faut que l’on ait très vite une réflexion autour des structurations académiques qui nous permettent de faire partager notre orientation auprès de sections UA critiques ou sans tendances. Dans des académies comme Nantes, Toulouse, Montpellier, un travail académique s’est mis en place depuis des années et des camarades de l’EE en ont été les coordonnateurs. Cela s’est traduit cette année par des “bascules” de départements au profit de l’EE dans ces trois académies (l’Aude, l’Aveyron et la Loire Atlantique par exemple). Un exemple à suivre.
Il faut également que l’équipe nationale soit bien plus « proche » et plus en aide des sections, des équipes militantes et des camarades plus esseulé-es.

C’est une priorité de la période qui s’ouvre.

La Lettre électro, les 4 pages, les échanges sur notre liste de discussion « respdep » et la diffusion régulière d’infos sur la liste « ee-snu » sont des outils de construction de notre tendance qu’il faut conforter.

4) Unité Action en baisse de 2,39 points (64,36%)

UA atteint avec 64,36% des voix son score le plus bas à un scrutin interne depuis la création du SNUipp-FSU.

scrutin 1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013
Voix UA 8148 6893 6993 9827 9233 10587 9843
%UA 67,28% 70,60% 68,10% 67,78% 68,99% 66,75% 64,36%

Un score UA également concentré : près de la moitié des voix se concentrent dans 20 départements. Cette concentration est plus forte qu’en 2010 où il leur fallait 30 départements pour atteindre la moitié des voix.
Ils sont à plus de 80% dans 28 départements et à moins de 50% dans 27 autres.

La progression de UA est très limitée : seuls 38 départements améliorent leur score de 2010. De plus de 10 points dans 3 départements (Orne, Mayotte, Essonne) et entre 5 et 10 points dans 16 autres (Yonne, Somme, Meurthe et Moselle, Deux Sèvres, Alpes Maritimes, Nièvre, Seine Maritime, Corse du Sud, Moselle, Tarn, Hautes-Alpes, Eure, Gard, Nord, Indre, Vienne).

La diminution de UA est plus conséquente : de 10 points et plus dans 17 départements et entre moins 5 points et moins 10 points dans 21 départements.

Les sections « dissidentes » représentent plus du quart des voix.

Ce scrutin confirme la tendance globalement (hors 2007) à la baisse d’UA depuis 1998. Ils atteignent même leur plus bas niveau dans le SNUipp, comme dans les votes FSU, depuis 1995.

5) Emancipation

Ils obtiennent 574 voix et 3,75%. Ils confortent leur place de troisième tendance du syndicat. Ils dépassent 10% dans 8 départements (Haute Saône, Yvelines, Martinique, Bas Rhin, Allier, Ariège, Var, hors de France). Ils sont la seconde tendance dans 2 départements, devant l’EE, les Yvelines et le Var (17,6%).

scrutin 2004 2007 2010 2013
Voix Emanc. 284 396 556 574
% Emanc. 1,9% 2,96% 3,50% 3,75%

6) FU

Ils font quelques petits scores avec un maximum de 8,5% dans le Lot. Ils ont pu servir de vote contestataire à des syndiqués ne souhaitant pas voter UA mais ne voulant pas non plus voter EE.

scrutin 2004 2007 2010 2013
Voix FU 289 335 322 241
% FU 1,9% 2,96% 3,50% 1,58%

7) URIS

Ils sont en progression tant en voix qu’en pourcentage. Ils font quelques scores locaux (Haute Corse, Bas-Rhin, Rhône) où ils sont implantés. Leur texte d’orientation très axé sur les rythmes a pu attirer quelques votes UA contestataires ne voulant pas renforcer l’EE (comme pour FU, voire Emancipation).

scrutin 2004 2007 2010 2013
Voix URIS 188 325 193 352
% URIS 1,3% 2,43% 1,22% 2,3%