Adrien Martinez et Antoine Chauvel : Sur la répression face aux mobilisations citoyennes

Cédric Herrou. Alain Mannoni. Jon Palai. Trois exemples. Trois situations qui font l’actualité des tribunaux. Trois procès qui doivent nous amenés à formuler deux constats. Le premier c’est que les mobilisations citoyennes, qui portent une exigence de solidarité, existent bel et bien dans la période. Le deuxième c’est que le gouvernement, face à elles fait le choix de la répression.

Troix exemples donc. D’abord à Nice où Cédric Herrou, militant de la vallée de la Roya, qui est jugé pour avoir occupé et réhabilité un bâtiment désaffecté afin d’offrir un accueil digne aux migrant-es en perdition près de la frontière italienne.
Puis Pierre-Alain Manonni, jugé pour avoir transporté 3 erythréennes en situation irrégulières, blessées, à l’hôpital.
Enfin Jon Palais, jugé pour avoir subtilisé de 14 chaises dans les locaux de la BNP au cours d’une action collective et revendiquée. Chaises qui ont été ensuite rendues…. devant le palais de justice afin de dénoncer l’évasion fiscale d’une banque qui, rappelons nous, avait été aidé par l’Etat, par nos impôts, lors de la crise financière.

L’Etat fait le choix de poursuivre des initiatives citoyennes alors qu’elles ne font que mettre en lumière ses propres carences.

L’acceuil des migrant-es est-il à la hauteur des besoins ? La réponse est non. Le communiqué de Médecin Sans Frontières cette semaine dénonçant l’attitude des forces de l’ordre envers les migrant-es à Paris est révélateur : Alors que les migrant-es n’ont aucune solution d’hébergement et donc obligé-es de dormir dehors, le communiqué dénonce l’attitude des flics qui dépouillent les migrant-es de tous leurs effets, duvets et vêtements y compris et peu importe si les températures sont négatives. Les collectifs de soutien aux migrant-es, les RESF partout en France témoignent d’une réalité qui trop souvent frise l’indicible.

Le problème de l’évasion fiscale a-t-il été traité ? Là encore la réponse est non. Si le président avait promis de combattre l’ennemi qui avait un nom, la finance, force est de constater que les espoirs sont plus que douchés. 56 milliards de dividendes versés cette année aux actionnaires, soit autant qu’avant la crise de 2008, entre 60 et 80 milliards d’euros de fraude fiscale, la « négligence » de Lagarde à 400 millions d’euros …. et c’est un militant que l’on poursuit pour 14 chaises.

La situation, en particulier face à ce qui est fait aux migrants, n’est pas polarisée par la seule extrême-droite. Partout des collectifs se montent, des initiatives individuelles ou collectives ont lieu pour organiser la solidarité concrète avec les migrants. Les 2000 personnes réunit à Dax en soutien à Jon Palais prouvent aussi le besoin de justice qui s’exprime dans la population.

Il nous faut soutenir ces initiatives, s’y investir, les populariser, particulèrement face à la répression. Le SNUipp doit déclarer sa solidarité avec les militants poursuivis. Car, quels que soient les gouvernements, nous devons affirmer notre défense des valeurs progressistes.

Ces trois procès raisonnent en effet douloureusement avec une série de renoncement du gouvernement sur la questions des droits et libertés publics, qui dresse un bilan qui ne sera pas défendable. Ce quinquennat a été celui des restrictions du droit de manifester, de l’instauration de l’Etat d’Urgence dont l’inefficacité et le détournement ont été démontré, celui de la tentation islamophobe avec le soutien du premier ministre aux arrêtés « anti-burkini » discriminatoires, celui des violences policières débridées où journalistes et syndicalistes peuvent être gravement blessés en manifestation. Violences policières qui peuvent tuer Souvenons-nous de Rémi Fraysse. D’Adama Traoré.

Notre analyse, celle qui a été la nôtre ces derniers mois ne doit pas varier sous la pression des urnes. S’il est possible qu’après ce soit pire, le terrain aura été largement préparé : il est impossible de repeindre en blanc un bilan aussi mauvais.